Des bruits de toles se font entendre au loin... On murmure qu'il s'agirait d'une Ville entièrement remplie de Gardiens...

jeudi 4 février 2010

Jour XXVI

Olympia souriait. Rayonnante dans sa robe de mariée, elle était entourée par les bras puissants de Logredestavernes. Le souffle du vent faisait onduler leurs cheveux. L’échéance était proche. Dans moins d’une heure, la gardienne et son compagnon seraient unis pour le temps qu’il leur restait à vivre. L’événement, prévu depuis quelques jours déjà, avait été organisé brusquement en fin de journée. L’attente était apparemment devenue insupportable, tout comme l’idée de devoir se dire adieu la nuit suivante…Ou celle d’après… Quelle différence ? Shurgaal détourna le regard de la place centrale où le couple se tenait, entouré de quelques gardiens, et fixa ses pieds.

C’était dans une joie teintée de tristesse qu’ils avaient organisée la cérémonie. A vingt heures, Woote, l’Oracle, prononcerai son discours et les deux êtres se verraient unis.
Pour l’heure, la plupart des gardiens étaient encore aux portes. En effet, dans les décombres de la Villa de Duke, les expéditeurs avaient découvert dans les premiers jours un vieil appareil photo. Encombrant, celui-ci permettait toutefois d’obtenir de magnifiques photos en noir et blanc. L’idée d’une photo de famille s’était tout naturellement imposée, d’où le rendez vous que la communauté avait fixé à 19H30. Shurgaal pouffa de rire… Cela faisait des semaines qu’ils en parlaient de cette photo. Des jours et des jours qu’ils pensaient avoir le temps. Le temps de vivre encore un peu. Il n’avait fallu qu’une après midi pour que, finalement, elle soi organisée…

Shurgaal repoussa la colère et la frustration… La Communauté des Eclaireurs s’était éteinte le jour même. Au petit matin, les gardiens n’avaient pu obtenir de nouvelles informations sur la ville… Pour cause. Elle n’existait déjà plus depuis des heures. Et voilà qu’on leur annonçait leur fin deux jours à l’avance. Deux jours à l’avance…
La ville n’en parlait guère. On évitait ce sujet. Mais l’inéluctable était dans tous les esprits. Dans toutes les conversations. L’espérance était balayée par la certitude des morts à venir…

On s’efforçait de rattraper le temps perdu, les conversations que l’on n’avait pas pris le temps d’engager, les amitiés avortées, les rires que le travail, le désert et les putrides avaient étouffés… Mais c’était trop tard.
Shurgaal pris sa tête entre ses mains. Il n’avait pas gagné de clôtures... Il serait parmi les victimes, il le savait. Il y avait une faible chance pour que quelques gardiens survivent… Mais si faibles… Son instinct lui hurlait de foncer à la banque, de se barricader dans sa maison et d’oublier le reste. Tout oublier. Seul son respect pour ses camarades le retenait encore un peu. Il ne savait pas s’il tiendrait jusqu’au soir suivant, jusqu’à ce que les Hordes défoncent la muraille blindée et viennent les chercher. Mais il ne serait pas le premier à craquer. Ca il le refusait.

Shurgaal contempla le soleil couchant. Il était l’heure. Soulevant son bouclier fraichement nettoyé pour l’occasion, il se leva et pris la direction des portes. Pour les quelques heures de bonheurs de leurs existence à tous. Il serra les dents.




Shurgaal